Syndrome urinaire félin
Introduction :
Le syndrome urinaire félin (SUF) est une affection touchant le bas appareil urinaire du chat, c’est-à-dire l’urètre et la vessie. Le chat peut présenter des difficultés à uriner, et peut même aller jusqu’à une obstruction complète de sa vessie, on parle alors de chat « bouché ». Ce dernier cas constitue une urgence absolue puisque cette affection peut entrainer la mort de l’animal en cas de non traitement.
Présentation clinique
Causes :
Il existe de multiples causes au SUF : la plupart du temps, il s’agit d’une cystite dont on ne connaît pas la cause, on parle alors de cystite idiopathique. Elle intervient dans 10 à 50% des cas de SUF et est très souvent provoquée par du stress (arrivée d’un nouvel animal à la maison, déménagement, ou autre). Dans d’autres cas, un bouchon muqueux dans l’urètre (20-60%) ou des calculs dans la vessie et/ou l’urètre (30%) peuvent provoquer une obstruction et empêcher l’émission d’urine. Plusieurs types de calculs ont été mis en évidence chez le chat, les plus fréquents sont les oxalates de calcium et les struvites (ou phosphates ammoniaco-magnésiens).
On note également d’autres causes mais qui sont plus rares : infections urinaires, tumeurs, sténoses de l’urètre, etc…
Facteurs de risque :
– Le sexe : les chats mâles présentent un urètre de plus faible diamètre que les femelles, ils peuvent donc faire une obstruction plus facilement.
– Le régime alimentaire : les aliments trop riches en magnésium ou en phosphore, ou modifiant le pH des urines (trop acide ou trop basique) peuvent favoriser la formation de calculs. C’est souvent le cas avec les aliments dits standards ou bas de gamme. Un chat en bonne santé présente de manière physiologique des cristaux en quantité variable dans ses urines. Si le pH de l’urine est anormal, ces sédiments urinaires vont précipiter et former des calculs. • Le chat est un animal qui boit peu : les urines sont donc plus concentrées et les mictions moins fréquente que chez le chien. Les sédiments sont donc moins fréquemment éliminés. • La sédentarité et le surpoids : les chats qui manquent d’activité et qui sont en surpoids semblent être plus souvent affectés. • L’âge : les chats de tout âge peuvent être concernés, mais on note une fréquence plus élevée entre 2 et 5 ans.
Symptômes :
Lors d’une sub-obstruction urinaire (obstruction incomplète), le chat peut présenter plusieurs symptômes, tels que la pollakiurie (augmentation de la fréquence des mictions), la strangurie (douleur lors des mictions), la dysurie (mictions longues et difficiles), ou l’hématurie (présence de sang dans les urines). Dans certains cas, le seul signe d’appel peut être de la malpropreté ou un léchage insistant de la zone uro-génitale.
Lors d’une obstruction complète, le chat essayera d’aller à la litière plusieurs fois de suite, se mettra en position mais ne pourra pas émettre d’urine, il pourra être très abattu et ne plus vouloir manger. Sa vessie deviendra très dure et très douloureuse, on parle alors de globe urinaire. Dans ce cas, il s’agit d’une urgence vitale pour l’animal. En effet, ne pouvant pas éliminer ses urines, l’organisme va réabsorber les déchets normalement éliminés dans les urines et va donc s’auto-intoxiquer. Une insuffisance rénale et des troubles ioniques peuvent en découler, et peuvent entrainer la mort de l’animal.
Examens complémentaires :
Une analyse de sang nous indiquera s’il y a ou non une insuffisance rénale ou des troubles électrolytiques. Des analyses d’urine seront réalisées. On regardera notamment le pH, la densité urinaire et la présence de cristaux ou de signe d’infection. Une analyse bactériologique pourra être envoyée au laboratoire afin de trouver le germe en cause et de donner le bon antibiotique.
Une radiographie pourra être envisagée afin de mettre en évidence des calculs dans la vessie ou dans l’urètre. Et une échographie nous permettra de voir des signes de cystite ou des calculs non visualisables à la radiographie.
Traitement Immédiat
A court terme, il faudra très rapidement lever l’obstruction. Un sondage urinaire sera alors réalisé sous anesthésie générale. La sonde sera laissée en place pendant plusieurs jours afin de vidanger la vessie et de la rincer pour évacuer tous les calculs de petite taille présents dans la vessie.
Le chat sera perfusé afin de relancer la production d’urine, de lutter contre les déséquilibres électrolytiques et l’insuffisance rénale dus à l’obstruction.
Pendant ce temps, le chat est hospitalisé et porte une collerette afin qu’il ne s’enlève pas sa sonde urinaire. Une antibiothérapie pourra être débutée en cas de besoin et des spasmolytiques ainsi que des antidouleurs seront prescrits afin de soulager le chat et de faciliter l’émission d’urine.
En cas de calculs impossibles à dissoudre ou en cas de calculs de grande taille, une intervention chirurgicale (cystotomie) est parfois nécessaire pour les retirer de la vessie.
Traitement à long terme :
Il est fonction de la cause primaire, plusieurs axes de traitement peuvent être envisagés. En cas de calculs urinaires, une alimentation adaptée sera mise en place, elle modifiera le pH urinaire ou bien la densité urinaire. Il faudra également stimuler la prise de boisson du chat (eau fraiche à disposition, fontaine à chat, alimentation humide : eau dans les croquettes, pâtée). Lorsque le stress est l’élément déclencheur des cystites ou qu’aucune cause précise n’est mise en évidence, on essayera d’apaiser le plus possible l’environnement de vie du chat : diffusion de phéromones, augmentation du nombre de litières, augmentation de l’activité du chat (jouets)…
Suites :
Le SUF est une maladie récidivant fréquemment. Le chat pourra s’obstruer de nouveau quelques jours après le sondage ou bien plusieurs années après la première obstruction. Dans ce cas, un traitement médical et un nouveau sondage seront réalisés.
En cas de rechutes répétées, une intervention chirurgicale pourra être envisagée : l’urétrostomie. Il s’agit d’aboucher l’urètre plus profond et de plus gros diamètre directement à la peau après avoir amputer du pénis. Elle permet donc de shunter la partie la plus étroite de l’urètre où les obstructions se situent habituellement. Cette chirurgie permettra de limiter le risque d’obstruction mais les symptômes de cystite pourront persister. La complication la plus fréquente est la sténose au niveau de l’abouchement à la peau. Cette complication reste malgré tout assez rare.
Auteur : Dr Lemoule & Dr Leperlier